Deux patrons de restaurant nous révèlent tout sur leur travail au noir - On n'est pas des Pigeo
Pouvoir d’achat en berne, crise énergétique, indexation des salaires, changement des habitudes de consommation, l’Horeca traverse une crise et si le travail au noir apparaît comme une solution pour réduire les charges, il n’est pas sans risque. Des professionnels de l’Horeca nous ont confié leurs pratiques a priori inavouables. Pourquoi et comment ces patrons de restaurants font-ils du noir ? Deux d’entre eux brisent la loi du silence. "C’est soit ça passe ou ça casse ! On n’a pas le choix !" s’exprime Léo (prénom d’emprunt), patron d’un établissement Horeca. "On doit sauver notre peau !", poursuit Léo. Même son de cloche chez Roberto Insalaco, patron d’un restaurant à Mons : "C’est mathématiquement impossible de faire tout en blanc (ndlr : en déclaré) !" Roberto a vécu un évènement qu’il n’est pas près d’oublier. Il y a quelques semaines, une équipe de contrôleurs a débarqué sans crier gare dans son restaurant. "C’était complet. Il y avait une dizaine de personnes à l’extérieur, Police y comprise. Donc, mise des scellés, donc, là, forcément, je me pose des questions. Pourquoi ? Forcément ici, j’ai des palmiers. Très joli ! Mais ce ne sont pas des plantations de cannabis. Il n’y a pas de truands, ici… Emotionnellement, c’est une agression !" témoigne Roberto Insalaco. Aux contrôleurs, Roberto refuse de donner les noms de ses travailleurs non déclarés qui ont pris la fuite. Pour justifier ce travail au noir, Roberto nous sort sa feuille d’impôts. "Je vais payer 124.000 euros pour l’année passée", s’exclame-t-il en nous pointant le montant à rembourser sur sa feuille d’impôt. Le second patron de restaurant que nous rencontrons n’aurait d’autre choix, lui non plus, de faire du noir. Il n’a pas encore été pris en flagrant délit d’infraction, contrairement à Roberto. Il préfère donc lui, pour des raisons évidentes, témoigner à visage caché. Nous le prénommerons Léo. Il nous parle de la nécessité de ne pas tout déclarer : "C’est obligatoire ! On est taxé sur les bénéfices. On a la TVA à payer en plus. On a les accises à payer. Donc, tout cela fait un chiffre qui nous dépasse tous. Si je déclare tout aujourd’hui, je n’ai pas un franc dans mon pantalon !" Par ailleurs, la main-d’œuvre se fait rare. Les travailleurs, très demandés, seraient de plus en plus exigeants. "Il y a des gens qui se présentent chez vous avec leurs conditions. Et nous indépendants, on n’a pas d’autre choix. Et c’est un handicap. Par ce que pour un 'Oui' ou pour un 'Non', 'Ciao ! Arrivederci !' Et on a besoin de main d‘œuvre. Quand je dois payer des contributions comme ça. Il faut travailler, il faut boulotter", explique Roberto. Quel pourcentage d’établissements aurait recours au travail non déclaré ? Leur demandons-nous alors. "100%. Il n’y en a pas un qui ne fait pas du black !", assure Léo. "C’est tout le secteur Horeca", confirme également Roberto. Les restaurateurs, les cafetiers seraient-ils, en effet, devenus tous des hors-la-loi ? Nous avons rencontré Jona Ceuppens, le directeur général du service d’inspection de l’ONSS (Office National de Sécurité Sociale). "Non, je n’y crois pas. Il y a des établissements qui sont contrôlés à plusieurs reprises et on n’y constate pas d’infraction." nous assure-t-il. En déclaré, un travailleur coûte environ 40 euros de l’heure contre 12 euros en non déclaré. L’avantage du noir est évident. Il est d’autant plus tentant en période de crise. "J’ai des collègues cet hiver qui m’ont dit texto : 'On ne s’est pas versé de salaire pendant tout l’hiver.'", nous rapporte Léo. "Je ne sais pas si dans six mois, je serai encore là, dans un an, je ne sais pas", conclu Roberto. Chaque jour, en moyenne, en Belgique, six établissements Horeca font faillite. 0:00 Deux patrons de restaurant nous révèlent tout sur leur travail au noir - On n'est pas des Pigeons ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- ???? Retrouvez aussi On n'est pas des pigeons sur : Le site RTBF ► https://www.rtbf.be/emission/on-n-est-pas-des-pigeons La page Facebook ► https://www.facebook.com/OnNestPasDesPigeons/ L'émission TV ► https://www.rtbf.be/auvio/emissions/detail_on-n-est-pas-des-pigeons?id=2813 L'émission radio ► https://www.rtbf.be/auvio/emissions/detail_on-n-est-pas-des-pigeons?id=8792 ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- © RTBF #horeca #restaurant #ONPP #OnNestPasDesPigeons #RTBF